Prédication du dimanche 17 octobre 2010 à St Paul Trois Châteaux

Publié le par E.R.F. - Valréas - Saint Paul Troix Châteaux

 

(Ex8-12)

culte à St Paul Trois Châteaux du 17 octobre 2010

 

 

Frères et sœurs,

 

La troisième plaie qui frappe l'Egypte est racontée brièvement.

 

On peut repérer quelques différences avec les deux premières :

 

D'abord, c'est la première fois que la plaie va toucher physiquement les êtres humains et le bétail. L'eau changée en sang restait dans le Nil. Les grenouilles envahissaient tout, mais ne constituaient pas une agression physique. Ici, les moustiques viennent sur les hommes et les bêtes.

 

Nous avons probablement tous fait l'expérience qu'un seul moustique dans une chambre à coucher peut nous empêcher de dormir ou nous réveiller, alors imaginez que toute la poussière du sol devienne moustiques. C'est l'horreur !

 

Une autre différence d'avec les récits précédents des deux premières plaies est qu'avec l'épisode de la poussière changée en moustique, les magiciens de l'Egypte sont pris en défaut. C'est la troisième et dernière fois qu'ils tentent de faire usage de la magie. Les deux première fois, ils ont réussi à changer l'eau en sang, ils ont réussi à faire sortir des grenouilles des eaux de l'Egypte. Ici ils ne parviennent pas à utiliser leurs pouvoirs.

 

Dans cette histoire, il s'agit ici d'une véritable métamorphose. Vous savez probablement que le thème de la métamorphose est celui du prochain salon du livre à St. Paul.

 

J'ignore tout des circonstances qui ont présidé au choix de ce thème. Je suis cependant frappé qu'une institution aussi laïque ait choisit un thème religieux par excellence, abondamment développé dans toutes sortes de mythes et récits de l'humanité. Le comité aurait choisi comme sujet du salon du livre le thème de la prière, le sujet n'aurait pas été plus religieux que celui de la métamorphose.

 

Ici nous voyons de la poussière qui est métamorphosée en moustiques. Nous voyons quelque chose d'inorganique, d'inerte, devenir vivant.

 

C'est une vie irritante que celle des moustiques et la métamorphose suscite plus de rejet que d'admiration. Sauf pour les hébreux qui parlent non pas des Dix Plaies, mais des Dix Merveilles de Dieu en Egypte.

 

 

Dimanche prochain, je relirai ce récit en suivant une toute autre piste d'interprétation, mais aujourd'hui je vous propose de nous concentrer sur cette métamorphose de la poussière qui devient moustiques.

 

La poussière est un matériau très répandu. Elle est partout, dehors et dedans. Nous ne pouvons pas oublier en lisant un tel récit, le rôle que joue la poussière dans la Bible :

 

« Le Seigneur Dieu modela l'homme avec de la poussière faite à partir du sol. Il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l'homme devint un être vivant » (Genèse 2,7)

 

« Le Seigneur Dieu Dieu dit au serpent : puisque tu as fait cela, tu marcheras sur ton ventre et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie » (Genèse 3,14)

 

« Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front jusqu'à ce que tu retournes au sol, oui, tu es poussière et tu retourneras à la poussière » (Genèse 3, 19)

 

Dans de nombreux passages de la Bible, nous voyons que la poussière joue un rôle important dans les rituels de mort. Les gens dans le chagrin, dans le deuil, se mettent de la poussière sur la tête et le corps, en rappel de cette condition fragile et mortelle qui est la nôtre.

 

Dans le Psaume 22, la poussière est également reliée à l'approche de la mort : « Ma vigueur est devenue sèche comme un tesson, la langue me colle aux mâchoires. Tu me déposes dans la poussière de la mort. » (v.16)

 

Cette poussière du sol avec laquelle nous sommes faits nous rappelle notre condition humaine. Une fausse conception religieuse conduit à mépriser la poussière et le corps. Mais ce corps de poussière qui est le nôtre n'est pas à mépriser, car, la Bible décrit avec grandeur et tendresse le geste de Dieu : notre corps a été façonné par Dieu, c'est son geste créateur qui d'un amas de poussière de terre en a fait un ensemble coordonné, fragile et merveilleux à la fois.

 

Il y a dans la révélation de la Bible, une véritable considération pour le corps humain fabriqué par Dieu comme un potier.

 

Et dans ce corps fait de poussière du sol, l'être humain reçoit de Dieu le souffle de la vie, l'Esprit, l'âme qui lui permet d'être, de comprendre, de parler, d'être à l'image de Dieu.

 

Il y a en nous ces deux dimensions : nous sommes fait d'un mélange de la poussière de la terre et du souffle de Dieu.

 

 

Dans la troisième plaie d'Egypte, c'est la poussière elle-même qui devient vivante. Oh, une vie assez modeste, mais quand même : la nuée de la poussière devient une nuée de moustiques.

 

C'est à la fois une métamorphose et un prodige : changer quelque chose d'inanimé en vivant ! Mêmes les mages de Pharaon déclarent forfaits : « c'est le doigt de Dieu » disent-ils en une très belle confession de foi.

 

En effet, avant d'être une plaie, cette métamorphose est un prodige et une merveille. Les mages reconnaissent là l'intervention du créateur de la nature, de la terre, l'intervention du créateur de l'humanité.

 

Ce miracle de la poussière changé en vivant, n'est pas un acte magique, il est en plus petit, en plus modeste la répétition de ce que Dieu a fait en créant le genre humain.

 

Le miracle raconté dans cet épisode n'est pas une violation des lois de la nature, il est l'expression même de ce qu'est la nature humaine : de la poussière devenue vivante.

 

Avec ce troisième signe adressé à l'Egypte, Dieu montre que c'est lui Le Créateur qui a décidé de libérer son peuple. Il y a une continuité d'action, de volonté, d'intervention entre le Dieu créateur du monde et de l'humanité et le Dieu libérateur qui intervient dans l'histoire du monde.

 

Les magiciens de Pharaon qui sont probablement, bien que superstitieux, des gens attentifs, ne s'y trompent pas. En voyant le prodige de la poussière changée en moustiques, il reconnaissent que là l'unique vrai Dieu, la source de toute vie, est à l'œuvre.

 

Ce miracle de la poussière changée en vie va se reproduire dans la Bible une seconde fois. En Jésus. Lorsque Jésus sera mort depuis trois jours, son corps est censé redevenir poussière du sol. Son corps est inerte, il redevient, dans le tombeau, dans le sol rocheux où il est enfermé, un amas inorganique.

 

Vous pourrez peut-être trouver audacieux de mettre en relation la résurrection de Jésus avec ce signe de la poussière changée en moustiques. Pourtant, je crois qu'entre le récit de la création de l'humanité et le récit de la résurrection de la chair de Jésus, il y a une stricte continuité, l'une éclairant l'autre.

 

Déjà le récit de la création nous disait que le corps humain n'était pas à mépriser parce qu'il avait fait l'objet d'un soin particulier de Dieu. Oui nous sommes faits de poussière, le matériau le moins noble qui soit, mais Dieu aime cette poussière. Oui, nous sommes faits de poussière et celle-ci nous rappelle notre fragilité et nos faiblesses, mais Dieu nous aime dans nos fragilités et il a décidé de partager la faiblesse de cette poussière.

 

Nous confessons la résurrection de la chair et la vie éternelle. Nous croyons l'amour de Dieu pour cette poussière que nous sommes et qui parfois, souvent nous désespère. Nous confessons la résurrection de la poussière. C'est le corps de Jésus qui a été ressuscité, un corps fait de poussière mortelle et désormais animé d'une vie inaltérable.

 

Cette résurrection est le signe que la poussière, que la terre, que l'humanité ne sera jamais abandonnée par Dieu. Cette résurrection est le signe que tout ce qui nous éloigne de Dieu : le péché, la peur, le mal, ne sera jamais plus fort que tout ce que Dieu peut faire en nous, pour nous, avec nous, en mettant son esprit dans notre vie.

 

Entre la création du monde et la résurrection du Christ, il y a cette poussière d'Egypte changée en moustiques. Une pâle répétition du geste créateur et une pâle anticipation de la résurrection de Jésus. Pourtant ce signe bien modeste a suffi pour convertir les mages de Pharaon.

 

Ils ont compris que la source de toute vie, la source de la vie, était à l'œuvre dans ce monde pour se façonner un peuple en marche.

 

C'est peu de choses que de la poussière. C'est peu de choses qu'un nuage de moustiques. Pourtant ce signe très modeste leur a suffi. « Aujourd'hui, nous voyons comme dans un miroir, d'une manière confuse, un jour nous verrons face à face. A présent ma connaissance est limitée, mais alors je connaitrai comme je suis connu » (1 Co 13,12)

 

Si nous discernons ce matin dans ce signe la manifestation pour nous de la puissance libératrice de Dieu, le miracle de cette poussière qui devient vivante sera renouvelé en notre faveur.

 

Amen !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Prédications

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