Prédication des 8 et 9 septembre 2012 (St.Paul et Valréas)

Publié le par E.R.F. - Valréas - Saint Paul Troix Châteaux

(Mc9-24)

Culte à St Paul le 8 et à Valréas le 9 septembre 2012.

 

 

Frères et sœurs,

 

Pendant quelques semaines, j'ai choisi d'explorer avec vous, chaque dimanche le texte du  symbole des Apôtres, que l'on appelle encore le Credo et que nous prononçons ensemble lors de chaque culte.

 

Ce texte est très ancien. Il est attesté dans sa forme actuelle dès le VIII° siècle. Les formulations qui le précèdent sont beaucoup plus anciennes, vers le IV° siècle. Encore plus lointain, ce texte s'appuie sur les textes bibliques dont il propose un abrégé.

 

Ce texte n'a pas le statut d'un texte biblique, La Bible est au-dessus de la confession de foi et justement, nous allons regarder dans les Écritures ce qui vient fonder, éclairer, approfondir, corriger nos compréhensions de la foi et nos formulations de la foi chrétienne.

 

Aujourd'hui, je vous propose donc de méditer le début de la première phrase du Credo : « Je crois ». Et pour cela, j'ai choisi de vous lire un bref passage : Marc 9, 24.

 

Croire, avoir la foi, est une réalité spirituelle nouvelle dans l'histoire de l'humanité. Croire est devenu synonyme de Salut. L'histoire de la foi commence avec Abraham : Abraham crut dans le Seigneur qui le lui compta comme justice.

 

Par la suite, avec Moïse et les prophètes, la foi est approfondie: il s'agit concrètement d'écouter Dieu et d'avoir une relation avec Dieu : une relation personnelle avec un Dieu personnel parce que l'être humain est une personne qui est unique, irremplaçable.

 

Dans le Credo, nous disons « je crois ». Je reviendrai tout à l'heure sur la signification de ce « je », mais déjà nous notons ici l'importance de la personne, la possibilité de dire « je ». Et cette possibilité est donnée dans la Bible, à chacun : pas seulement aux riches, aux puissants, mais à des  gens ordinaires, simples, pauvres et malades, mourants.

 

Et cela, c'est toujours une nouveauté révolutionnaire. Devant Dieu, personne n'est écarté, personne n'est quantité négligeable, personne n'est abandonné.  Et celui que je n'aime pas, et bien, Dieu l'aime et souvent Dieu va me conduire à être le témoin de l'amour de Dieu pour cette personne.

 

Une grande partie de la société occidentale s'est forgée sur l'importance de la confiance en l'avenir et la confiance entre les êtres humains rendue possible à cause de la centralité de la foi en Dieu qui irrigue toute l'existence.

 

Lorsque nous prononçons ensemble « je crois », nous réalisons aussi qu'il s'agit d'un « je » collectif. Le « je » de l'Église. Nous nous rappelons ainsi que l'Église est une personne. Un être collectif, une entité spécifique, un véritable corps dont nous sommes les membres, qui est parfois comparé à une fiancée, une épouse par le Christ.

 

La foi, cette relation personnelle, intime avec Dieu qui a été initiée dans l'histoire juive s'ouvre désormais, avec Jésus, aux païens, aux nations non-juives. Cette relation personnelle, cette relation intime qui se caractérise par la foi est désormais accessible à tous, dans le monde, en dehors du cadre israélite.

 

Et les paraboles, les enseignements, les promesses de Jésus élargissent encore et approfondissent la portée de la foi : « Quiconque croit a la vie éternelle » (Jn 3,15) « Celui qui croit en moi n'aura jamais soif » (Jn 6,35) ; « Celui qui croit en Celui qui m'a envoyé ne mourra jamais » (Jn 11,26) : et de nombreux récits dans les Évangiles ou les actes se terminent sur la conclusion « beaucoup crurent en lui ».

 

A notre époque, très influencée par le romantisme européen du XIX° siècle, on confond trop souvent croire avec un sentiment, ou une émotion religieuse. Croire est avant tout une décision, une décision rationnelle, c'est à dire une décision dont on peut rendre compte, même imparfaitement.

 

Je voudrais vous raconter une anecdote personnelle : le camion en Roumanie.

 

Cette petite histoire vécue illustre assez bien deux choses, c'est que la foi est une décision personnelle. Je dois décider de croire ce qu'on me dit. Ce n'est pas quelque chose que je peux déléguer à un autre. Ne pas décider, c'est aussi prendre une décision.

 

Nous prenons tous les jours des tas de décisions et si je décide d'aller au marché, cela implique des choses. Et même si je ne décide pas d'aller au marché, cela veut dire que j'ai décidé de ne pas y aller pour faire autre chose.

 

Dans notre relation avec Dieu, c'est pareil, ne pas se décider à croire, c'est malgré tout, se décider à ne pas croire. Dans tous les cas, nous avons pris une décision dont nous sommes responsables.

 

La deuxième chose que montre ma petite anecdote, c'est que se décider de faire confiance à quelqu'un, se décider à croire, est directement lié à la personne que j'ai en face de moi. Si j'avais eu un autre individu de l'autre côté de la portière, je ne lui aurais peut-être pas fait confiance.

 

Dans la foi, croire, n'est pas un sentiment religieux, car croire s'appuie directement sur qui on a en face de nous. Or il ne s'agit pas de croire n'importe quel Dieu, n'importe quelle doctrine, n'importe quelle idée. Il s'agit de croire un Dieu qui parle, un Dieu dont la bonté est sans limite, dont la compassion ne se laisse jamais décourager par notre bêtise. Il s'agit de croire un Dieu qui par amour devient semblable à nous, pour nous parler avec nos mots, pour vivre dans sa chair ce que nous vivons dans notre chair.

 

Il s'agit de croire un Dieu qui donne tout, tout ce qu'il a, tout ce qu'il est pour nous, pour nous gagner, pour établir avec nous cette relation intime, personnelle, pleine de délicatesse et de patience.

 

Pour terminer, je souhaite relever avec vous un détail étrange du texte que nous avons lu. C'est cette phrase du père de l'enfant : « je crois, viens au secours de mon incrédulité ».

 

Cela ne va de soi du tout ce genre de demande. Puisque Dieu veut être connu par la foi. L'incrédulité est alors le plus grand péché, ce que nous lisons très souvent dans les livres de Moïse ou chez les Prophètes. L'incrédulité est la racine de tous les maux et de toutes les détériorations de l'âme et l'origine de la perdition.

 

Et cet homme dit : viens au secours de mon incrédulité, c'est comme s'il disait : viens au secours de mon péché, ou encore viens au secours de ma bêtise, viens au secours de ma méchanceté.

 

C'est curieux, car nous savons bien que Dieu ne veut pas secourir le péché, ni la bêtise, ni la méchanceté, ni l'incrédulité.

 

Nous aimerions mieux que Dieu supprime le péché, que Dieu supprime la bêtise, que Dieu supprime la méchanceté, mais la prière de cet homme ne demande pas la suppression de ce qui va mal, mais de secourir ce qui va mal.

 

Cela nous montre que l'incrédulité fait partie de nous et qu'en chacun de nous, coexistent la foi et l'incrédulité, la confiance en Dieu et la rébellion devant Dieu.

 

Dieu ne vient rien éliminer de sa création et de notre nature, il vient réparer, il vient transformer ce qui a été abîmé par le mal, défiguré par l'incrédulité.

 

Dieu n'est pas un chirurgien qui vient enlever ce qui est mauvais et fichu, il vient guérir, il vient secourir ce qui est mauvais pour le racheter, pour le rédimer, pour le sauver.

 

Dans notre vie, il y a des zones que nous n'aimons pas, il y a des choses que nous préférerions ne pas trouver et que nous ne regardons pas en face, tant elles nous désespèrent.  Et bien ces choses, Jésus ne les abandonne pas, il vient les secourir pour qu'elles deviennent belles devant lui.

 

Voilà le Sauveur qui est l'objet et le sujet de notre foi.

 

Je crois Seigneur, viens au secours de mon incrédulité.

 

Amen !

 

Publié dans Prédications

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