Prédication des 15 et 16 septembre 2012 (St Paul et Valréas)
Culte à St Paul du 15 et à Valréas du 16 septembre 2012.
Credo 2 : … en Dieu, le Père …
Frères et sœurs,
Dimanche dernier, nous avons parlé de la foi comme décision humaine et en même temps comme un don total de Dieu.
En avançant aujourd'hui dans la lecture du Credo, nous voici avec l'objet de la foi chrétienne : Dieu.
L'ensemble du Symbole des apôtres est tout entier structuré avec la reprise à trois reprises de ces mêmes mots : « je crois en Dieu » et à chaque fois, est décliné un aspect de la foi chrétienne concernant d'abord le Père, puis le Fils et enfin l'Esprit Saint.
Je vous propose de progresser en trois étapes. La première sera de constater ce qu'il y a de commun à tous les hommes et de particulier à la foi de Jésus. La deuxième étape sera de mesurer toute la conséquence du petit mot « en » ; et enfin la troisième et dernière étape sera de s'arrêter sur la confession de Dieu comme Père.
La première étape d'abord : ce qu'il y a de commun et ce qu'il y a de particulier dans la confession de foi.
Le mot Dieu est un nom commun qui n'appartient pas d'une manière exclusive au peuple juif ou aux chrétiens. Tout le monde peut croire en un Dieu. Les anciens égyptiens, les grecs et les romains vénéraient des dieux, les peuples de l'Asie et de la Méditerranée aussi. Les philosophes parlent de Dieu comme d'un concept, même s'ils ne sont pas croyants. Les religieux de toute sorte et les athées aussi parlent de Dieu, comme les francs-maçons et de nombreux courants spirituels de toutes les époques.
Et lorsque nous parlons de notre foi, nous utilisons un nom commun que tout le monde peut utiliser, même au risque d'ambiguïté !
Par exemple, je peux dire à quelqu'un je crois en Dieu, il me dira les mêmes mots, mais en approfondissant, je peux découvrir que son Dieu et le mien ne sont pas les mêmes.
Dans l'Ancien Testament, il y a deux mots pour parler de Dieu : il y a le mot « El » qui signifie Dieu, et qui peut servir à désigner toute sorte de divinité comme Baal aussi bien que le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob.
Le second nom que Dieu révèle est « Yavé » Ce sont les 4 lettres du nom que Dieu révèle à Moïse au buisson ardent et qui se traduisent par : « je suis celui qui est, qui était et qui vient ». C'est ce mot qui est traduit dans nos bibles par l'Éternel ou encore par le mot Seigneur.
Il y a donc pour parler à Dieu ou pour parler de Dieu deux mots : un mot général, commun à tous les hommes et un mot particulier que Dieu révèle.
Le mot général est source d'ambiguïté ai-je dit tout à l'heure, mais il faut être plus précis encore. C'est un mot susceptible d'idolâtrie.
Le premier commandement donné à Moïse est clair : « tu n'adoreras pas d'autre dieu devant ma face »
Si le mot de Dieu est un mot commun, cela ne donne aucune légitimité à considérer que toutes les images de Dieu sont bonnes. Les images de Dieu sont interdites et tous les hommes doivent accepter qu'il n'y a qu'un seul et véritable Dieu et que ce Dieu unique est Celui qui a révélé son nom à Moïse.
Mais ce mot général, abstrait de « Dieu », commun à tous les hommes, dans toutes les époques, qui a un équivalent dans toutes les langues et toutes les cultures a une importance considérable, car cela signifie que tous les hommes ont une idée de Dieu. Il y a donc dans chaque être humain une trace de la présence de Dieu, une trace qui sans la Révélation est toujours déformée et défigurée, mais une trace tout de même.
Et si Dieu se révèle lui-même, c'est pour restaurer en nous la vérité de ce qu'il est.
De Dieu, je ne peux connaître en vérité que ce que Dieu me révèle lui-même de lui-même et de Dieu, je ne peux dire qu'une chose, c'est qu'il est Père, Fils et Saint-Esprit.
A propos de Dieu, nos devons accepter que nous ne savons rien d'autre que cela, mais cela, nous le savons, nous le croyons, nous en témoignons et nous l'enseignons.
Il se peut bien que des gens sachent beaucoup de choses sur Dieu que j'ignore, les spiritualistes de tous poils, les intellectuels, les philosophes, mais les disciples de Jésus Christ peuvent et doivent se concentrer sur Dieu que nous connaissons comme le Père. Nous verrons dans les prochaines semaines Dieu le Fils et Dieu l'Esprit. Cela c'est la spécificité de la foi chrétienne et en particulier par rapport aux musulmans. En nous voyant vivre, ils doivent comprendre que notre relation à Dieu est une relation d'amour filial dans la liberté et l'amour et non une relation de soumission aveugle.
La deuxième étape sera pour vous parler de la préposition « en » : je crois en Dieu.
Nous répétons si souvent ces phrases que nous en oublions parfois ce qu'elles disent. En grec, comme en latin, la langue originale du Credo, désigne l'intérieur d'un lieu.
Croire en Dieu signifie que nous nous situons à l'intérieur de Dieu. Nous ne pouvons pas croire en Dieu en nous situant ailleurs qu'en lui-même. On ne peut pas croire en Dieu sinon en reconnaissant que nous sommes dans ses mains, dans son cœur, dans ses bras, dans sa présence.
Dire « je crois en Dieu » revient à re-poser sa propre vie dans la présence de Dieu, cela revient à dire : j'habite en Dieu. D'ailleurs, c'est le vocabulaire même employé par Jésus. Jésus répond à Philippe : « ne crois-tu pas que je suis dans le Père … moi je suis dans le Père et le Père est en moi ».
Cela veut dire que ma vie est en Lui ! Toute ma vie, tout ce que je suis est en Lui ! Mes joies et mes drames, mes richesses et mes deuils, mes manques et mes échecs, tout est en Lui. Même ce que j'ignore de moi est en Lui. Mon passé, mon présent et mon avenir, tout est en Lui ! Ma vie est en Lui, ma mort est en Lui, mon péché est en Lui, mon salut est en Lui !
Je crois en Dieu !
J'avais annoncé une troisième étape que je vais aborder maintenant, il s'agit de la paternité de Dieu : « je crois en Dieu, le Père ».
Dans l'Ancien Testament déjà on découvre que Dieu est Père. Quelques textes nous présentent Israël comme son enfant, et même comme son fils premier-né. Mais si le thème et la réalité de la paternité de Dieu commencent nettement dans l'Ancien Testament, c'est surtout Jésus qui va approfondir la Révélation de Dieu comme Père, comme son Père et comme notre Père.
Ce qui est remarquable c'est que Dieu n'est pas défini par des attributs, mais sa nature nous est révélée dans sa paternité; or être Père est foncièrement et entièrement un terme rationnel. On ne peut parler d'un père qu'en relation avec son ou ses enfants. Ce que nous savons de Dieu, ce ne sont pas des choses sur Dieu, mais ce sont des choses sur Dieu et nous.
La Révélation de Dieu sur qui est Dieu est donc en même temps une révélation sur nous, sur ce que nous sommes. La confession de foi, le Credo ne parle donc pas seulement de Dieu tout seul, mais nous implique aussi comme reconnaissant que nous sommes les enfants de ce Père.
La paternité dont il est question ici n'est pas une paternité biologique. Etre père n'est pas une question de biologie, c'est une question de relation.
Nous avons tous eu un père qui a été notre géniteur, mais c'est parfois un autre homme qui a été notre père. En Dieu est l'origine de notre vie, sa paternité est adoptive et spirituelle. Il nous donne une nouvelle origine dans la richesse, et les conséquences sont à découvrir et à explorer jusqu'à notre dernier jour.
Dieu est notre père et comme un père il prend soin de nous. Il nous nourrit, il nous donne son nom, il nous donne sa vie. Il fait de nous des frères et des sœurs, même si on a parfois du mal à se supporter, il nous supporte tous et il nous fait grandir dans la réalisation totale et accomplie de notre condition filiale.
Comme un père, il nous éduque, car nous avons besoin d'être éduqués, instruits et cela même quand on est avancé en âge. C'est d'ailleurs à cause de cela que dans les Églises on a depuis toujours attaché autant d'importance à l'instruction et à l'éducation. Parce que Dieu est notre pédagogue, sa relation à nous est toute entière faite de pédagogie, une pédagogie parfaite qui s'adapte à chacun de nous selon nos qualités et nos défauts.
La paternité de Dieu a des vertus viriles et en même temps des vertus maternelles.
J'ai dit tout à l'heure que la paternité de Dieu n'était pas une affaire de biologie. Dieu est Père, mais c'est un Père dont l'Ancien Testament et le Nouveau nous montrent la tendresse, la patience, la douceur, la compassion.
La paternité de Dieu nous donne la liberté et nous fait grandir dans la liberté.
La paternité de Dieu respecte ce que nous sommes et nous permet d'être ce que nous sommes en vérité sous son regard.
Dieu ne punit pas nos erreurs, mais il nous aide à réaliser en quoi elles sont des erreurs et en quoi elles nous abîment et ainsi d'erreur en erreur, avec amour et bienveillance il nous aide à grandir.
Je crois en Dieu, le Père !
Amen !