Prédication du dimanche 3 janvier 2010 à St Paul Trois Châteaux (Epiphanie)

Publié le par E.R.F. - Valréas - Saint Paul Troix Châteaux

Frères et sœurs,

 

Je vous propose jusqu'au dimanche de Quasimodo, c'est à dire le dimanche qui suit Pâques, une lecture suivie de l'Evangile de Marc avec un fil conducteur un peu insolite, celui des animaux de cet Evangile.

 

Comme ça, à priori, si je vous demandais combien d'animaux sont cités dans l'Evangile de Marc, et bien, tiens au fait, je vais vous le demander, qu'est-ce que diriez ?

 

Et bien dans le texte que je vais vous lire pas moins de trois animaux sont cités. Je ne vous parlerai aujourd'hui que du vêtement en poils de chameau et du chameau.

 

Dans la Bible on mentionne assez peu cet animal en dehors des listes de bétail ou de butin. A trois reprises, les auteurs des Evangiles précisent le fait que Jean Baptiste est habillé de vêtements en poils de chameaux. Le prophète Jérémie est comparé à une chamelle.  Deux récits remarquables doivent pourtant retenir notre attention.

 

Le plus connu est celui où Jésus parle à un riche et il enseigne à ce sujet qu'il est plus difficile à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu qu'à un chameau de passer par le chas d'une aiguille. L'image est saisissante.

 

L'autre récit est moins connu, mais est fondamental. C'est le récit du mariage d'Isaac. Abraham est devenu vieux, il demande à son plus vieux serviteur d'aller chercher une épouse pour son fils Isaac dans son pays d'origine, afin que celui-ci n 'épouse pas une cananéenne. Le serviteur part avec 10 chameaux à sa recherche, mais comment trouver la bonne épouse ? … C'est une question qui traverse les siècles ! …

 

Arrivé près de la ville de Nahor à près de 800 km à travers le désert de Syrie, le serviteur demande donc un signe à Dieu.

 

Il dit : « Seigneur, Dieu de mon maître Abraham, fais-moi faire une rencontre qu'aujourd'hui et montra ta bienveillance pour mon maître Abraham ! Je me tiens près de la source d'eau et les filles des gens de la ville sortent pour puiser de l'eau. La jeune fille à qui je dirai : incline donc ta cruche, que je boive et qui répondra : bois et j'abreuverai aussi tes chameaux, ce sera celle que tu as destiné à ton serviteur Isaac, et par elle je saurai que tu as montré ta bienveillance pour mon maître. » (Genèse 24)

 

C'est ainsi que Rebecca abreuve le serviteur et les dix chameaux de celui-ci avant de devenir l'épouse d'Isaac. Pour mémoire,  il faut savoir que, pour désaltérer 10 chameaux qui ont fait une longue route, il faut puiser environ mille litres d'eau. On voit que Rebecca était une femme de volonté, de générosité et de force.

 

L'histoire est répétée à Laban, le frère de Rebecca, puis à Betouel et encore à Isaac lorsque tout le monde refait en sens inverse les 800 km à dos de chameau. Chaque fois, les chameaux sont au cœur du récit, ainsi que les soins qui leur sont prodigués.

 

Les chameaux sont présentés dans cette histoire comme le signe demandé par le serviteur afin de choisir la bonne épouse d'Isaac. C'est par leur truchement que la descendance d'Isaac sera assurée et la promesse faite par Dieu à Abraham, réalisée.

 

Le chameau apparaît donc avec deux caractéristiques : il permet de faire des déplacements très importants et il sert de signe.

 

Sans le chameau et sa formidable capacité de traverser le désert, les hommes n'auraient pas pu franchir ses grandes étendues sans eau, accablés de chaleur.

 

C'est probablement à cause de cette qualité si précieuse que Jésus reprendra à son compte l'image du chameau quand il dira : « il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume des cieux ».

 

Je sais bien qu'on a interprété de diverses manières ce texte pour dire que le chameau n'était pas un vrai chameau et que le chas de l'aiguille n'était pas le chas d'une aiguille, il n'en demeure pas moins que le sens du texte dans sa totalité est parfaitement clair : il est impossible de se sauver soi-même. Le passage se poursuit chez Matthieu avec cette phrase : « pour les hommes c'est impossible, mais pour Dieu, tout est possible ».

 

Le chameau est l'animal qui traverse ce qu'il y a de plus difficile. Il traverse ce qu’il serait impossible à l'être humain de traverser seul : l'immense et désert et ses dangers.  Jésus sait bien qu'un chameau ne peut pas passer par le minuscule trou d'une aiguille. Son exemple nous invite à mesurer à quel point se fier à notre richesse est une illusion, car il serait plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille plutôt qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu.

 

Un homme riche a tous les moyens de parvenir à la réalisation de ses désirs, mais ces moyens ne lui seront d'aucune aide, car pour entrer dans le Royaume de Dieu, ce n'est pas une question de moyens humains, mais cette entrée dépend de Dieu seul

 

Il  y a plusieurs liens entre l'histoire des chameaux d'Abraham conduits par son serviteur et Jean Baptiste. Celui-ci se trouve lui aussi dans un lieu désert comme il nous est dit au verset 4. Il est le messager, l'envoyé qui crie dans le désert pour préparer les chemins du Seigneur.

 

Le voici dans le désert, un lieu traversé si souvent par Abraham, par Moïse,  par Israël. Le peuple vient nombreux l'écouter et se repentir. Il s'agit pour tous de faire une nouvelle traversée difficile. La difficulté de ce moment est évoqué par le fait, nous précise Marc, que « chacun confessait publiquement ses péchés »


Tout chez Jean parle de Dieu, de ses promesses de salut et de son jugement. Chez lui, tout fait signe : sa parole, le baptême qu'il propose comme signe d'une transformation, ses vêtements aussi sont des signes, sa nourriture également : je vous parlerai dimanche prochain des criquets et du miel sauvage dont il se nourrit.

 

Jean baptise avec de l'eau, mais il y a une chose qui lui est impossible : c'est le baptême dans l'Esprit Saint. Cela, seul le Christ pourra le donner.

 

Jean Baptiste, avec son vêtement de poils de chameaux, nous rappelle aujourd'hui que nous avons une traversée à accomplir. Ce désert est celui qui sépare notre terre du Royaume de Dieu, c'est celui qui sépare le malheur de la joie, le découragement de l'allégresse, c'est celui qui sépare le deuil de la vie, c'est le désert qui sépare la méfiance et la peur de la confiance, le désert qui sépare l'égocentrisme de la fraternité.

 

Nous pouvons décrire ce désert de multiples manières. L'essentiel est de se rappeler que, sur cette terre, nous avons nous aussi un immense désert à franchir : il faut le savoir, il faut le vouloir, il faut s'y préparer et pourtant, cette traversée, nous ne pouvons pas l'accomplir par nous mêmes, avec nos seules forces, avec nos seules richesses.

 

Nous pourrons faire cette traversée grâce à un changement profond de notre nature que seul le Christ pourra initier. Ce changement, nous ne pouvons le réaliser nous même, mais il nous appartient de le comprendre, de le vouloir, de le désirer.

 

Amen !

Publié dans Prédications

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