Prédication du dimanche 23 janvier 2011 à la Cathédrale de St Paul Trois Châteaux

Publié le par E.R.F. - Valréas - Saint Paul Troix Châteaux

 

(Mt4-12) 

Frères et sœurs,

 

Je suis très heureux et fier de partager l'Evangile avec vous ce matin, à l'invitation du père Pierre-Laurent Bagnières. Je vous transmets les salutations fraternelles des frères et sœurs de l'Eglise réformée qui m'accompagnent ce matin ainsi que les plus chaleureux messages de communion de notre Conseil presbytéral et de sa présidente, Mme Josyane Mazon.

 

Dans le récit de l'Evangile que nous avons lu ce matin, la prédication de Jésus, tout son message, tout le salut du monde est résumé par une toute petite phrase : « convertissez-vous car le Royaume des cieux est tout proche ».

 

La prédication de Jésus est dans la stricte continuité de celle de Jean-Baptiste et celle du prophète Esaïe sept siècles plus tôt.

 

Je sais que, dans l'Eglise catholique romaine comme dans l'Eglise réformée, nous hésitons parfois à prêcher, la conversion, la « métanoïa ».

 

Sans doute parce que nous avons peur que de glisser dans une prédication moralisante du péché et de la conversion.

 

Le rigorisme moral, la théologie du renoncement triste et du mérite qui n'est jamais loin. Vous voyez le genre : si tu es dans la misère c'est que tu as fauté, si tu renonces à tes péchés, et là, la liste n'est jamais épuisée, par exemple : si tu t'abstiens de fumer, de boire, d'avoir une vie sentimentale et sexuelle extravagante et hors norme, si tu te repens, si tu regrettes, si tu te convertis, tu auras mérité ton salut, tes péchés seront pardonnés.

 

Attention : la morale est précieuse et bonne, mais la morale , même la meilleure, est un fruit de l'Evangile et non pas la racine de l'Evangile et du Salut.

 

Dans cette prédication puritaine que j'ai caricaturée, Jésus ressemble à un de ces prédicateurs puritains et tristes que les protestants connaissent si bien, ...

 

Oublions cette prédication moralisante. La conversion est une bonne nouvelle, un message de joie, la prédication de la conversion est un message d'espérance et de vie.

 

La conversion, c'est « metanoïa » en grec, changement de mentalité, conversion de l'intelligence et du cœur, et c'est « teshouva » en hébreu, c'est à dire retour, retour sur soi-même, retour vers Dieu, demi-tour complet dans sa vie.

 

Il s'agit de passer du péché et de la désespérance à la foi en Dieu.

Convertissez-vouscela veut dire pour des personnes qui sont dans la détresse : tournez-vous pour regarder ailleurs, Dieu a promis le salut, voici il vient dans votre vie avec le salut : le Royaume des cieux s'approche de vous !

 

Convertissez-vous : dans vos impasses, faites demi-tour et vous assisterez au spectacle d'un miracle : Dieu venant vers vous dans sa lumière.

 

Tournez-vous du côté de cette lumière, et votre nuit personnelle sera éclairée, illuminée.

 

C'était déjà la prédication du prophète Esaïe aux juifs des territoires de Zabulon et Nephtali, ravagés par l'envahisseur en 732 av JC et emmenés en déportation.

 

C'était la prédication de Jean-Baptiste à un peuple soumis au joug méprisant de l'envahisseur romain

 

C'est la prédication de Jésus à un peuple accablé par l'arrestation de Jean-Baptiste, à un peuple qui a perdu confiance dans ses autorités religieuses et politiques et qui vit dans un profond désarroi spirituel, et un désordre moral et social.

 

Convertissez-vous, car le Royaume des cieux s'est approché de vous !

 

C'est la prédication de la tendresse de Dieu, de sa proximité. Il vient, il vient dans nos ténèbres, dans nos souffrances, dans nos déserts. Il vient pour éclairer, il vient pour délivrer, il vient pour sauver.

 

Se convertir, c'est dire oui à la vie, oui à la délivrance, oui à la lumière, oui à Dieu.

 

C'est le contenu, la substance de la prédication de l'Eglise aujourd'hui, car l'Eglise commence là, avec cette première apparition publique de Jésus.

 

L'Eglise désigne étymologiquement ceux qui sont appelés par le Christ et qui répondent à son appel.

 

Le premier jour de sa prédication publique, Jésus appelle Simon-Pierre et André, puis Jacques et Jean. Jésus associe des hommes ordinaires à la prédication du Royaume de Dieu : « venez derrière-moi et je vous ferai pêcheurs d'hommes ».

 

Le ministère du Christ, fait naître le ministère de l'Eglise. Or le ministère de l'Eglise est aujourd'hui contesté de toute part, amenuisé dans une société indifférente quand elle n'est pas hostile. Nos frères et nos sœurs dans les pays musulmans sont aux avant-postes d'une situation qui s'aggrave partout dans le monde. Dans notre pays, le ministère de l'Eglise décline et nous pouvons éprouver de la tristesse et même de l'angoisse en contemplant ce qui est perdu. Dépositaire d'une mémoire millénaire, nous pouvons malheureusement évaluer l'ampleur des dégâts. L'épreuve est cruciale dans les familles, dans la société. L'onde de choc culturelle du déclin des Eglises n'est pas encore retombée, …

 

Ce que nous avons perdu pèse lourd dans nos structures, sur notre cœur, c'est même parfois si lourd que nous sommes écrasés. C'est pour nous d'abord, que retentit la parole de Jésus qui nous dit « convertissez-vous », quittez les regrets, quittez ce poids écrasant qui vous rend tristes.

 

quittez les rivages de la désolation et des plaintes et nous convertir à nouveau. Car dans la situation où nous sommes, le Royaume de Dieu ne s'est pas éloigné de nous. Il se rapproche de nous dans la crise que nous connaissons.

 

Convertissez-vous !

 

Dans ce récit, Jésus ouvre un chemin pour ses disciples que nous pouvons suivre : devenir une communauté d'appel. Entendre pour nous, résonner dans notre vie la plus intime, l'appel de Jésus et le suivre et devenir à sa suite des appelants, des pêcheurs d'hommes.

 

La France de XXI° siècle n'est pas meilleure ni pire que la Galilée du I° siècle.

 

Je suis heureux de dire ici toute mon admiration et ma reconnaissance pour le ministère de Jean-Paul II qui a posé pour le monde et particulièrement pour notre vieille Europe, les fondements de la nouvelle évangélisation.

 

« je vous ferai » dit Jésus, « je vous ferai pêcheurs d'hommes ». il y a ce que vous êtes, mais avez-vous bien réalisé que Jésus veut vous transformer pour faire de vous à sa suite, des pêcheurs d'hommes ? Il veut faire de nous quelqu'un que nous ne sommes pas encore. Il veut nous rendre capables de cette mission : être des pêcheurs d'hommes.

 

« Convertissez-vous, le royaume des cieux est proche, venez derrière moi » dit Jésus.

 

Il est venu pour guérir les maladies et les infirmités de son peuple.

 

Amen !

 

 

Publié dans Prédications

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